vendredi 5 janvier 2024

Quel avenir pour la Savate ?

 

 Ou

 

«  L’indispensable professionnalisation de nos Cadres Technique de Ligue et Comités départementaux en sept questions. »

 

Actuellement notre discipline, bien qu’en constante progression au niveau des effectifs, est en perte d’attractivité auprès de certains publics … Le peu d’organisations de galas de Savate B.F., la faible valorisation de nos combattants combinés à la forte offre de nos « concurrents », font que bon nombre de nos athlètes évoluent majoritairement dans les galas « multi boxes »… Nous pouvons même nous risquer à nous poser des questions quant à l’interprétation du « rapport Masculin/Féminin » des engagements à nos divers championnats nationaux : 

 

 1 - Sommes-nous très fort en matière de féminisation de la pratique, où sommes nous victime d’un profond désintérêt de la « gent masculine » pour la Savate, celle-ci n’étant plus  sous les feux des projecteurs  ou considérée comme trop peu virile !?

 

L’effet direct de ce phénomène en est  la perte, souvent définitive, d’une grande partie de nos combattants et enseignants et, bien qu’inquiétant, celui-ci  n’est certainement pas le plus grave pour l’avenir de la Savate B.F… En effet un deuxième, bien plus  pervers celui-là, est en train de « gangrener » notre discipline au point de menacer à moyen terme son existence même en terre natale… Je veux parler ici de la progressive mais profonde « dénaturation » de notre technique.

Un constat s’impose, notre fédération, pour n’avoir su prendre les bonnes directions à des moments clefs de son histoire, restera très certainement une discipline « mineure » ; ni Olympique, ni télévisuelle… 

Qu’importe, elle sera toujours considérée comme une des meilleures  écoles de combat pieds-poings à condition de réussir à en  préserver la richesse, l’esprit, et surtout de continuer à occuper efficacement « l’hexagone » par un  maillage et une structuration forts et solides.

 A quoi cela aurait-il donc servi de la faire reconnaître comme élément du patrimoine immatériel  si nous ne sommes pas capables, nous les « acteurs passionnés », de lui permettre de se développer dans le respect de ses fondamentaux ?… 

 

 

 

2 -En faire une «discipline de musée» ou une «technique hybride» sont elles les deux seules solutions qui s’offrent à nous ?

 

Très souvent, ce n’est que de par l’action de quelques « illuminés d’un autre âge » (dont je fais partie) que le développement de notre discipline est assuré au niveau local.

Pourtant, si celui-ci est réfléchi et construit dans un « projet Comité » et que les actions ne se font pas attendre, très vite les premiers résultats amènent l’adhésion du plus grand nombre et une synergie se met en route… et alors, forte est l’augmentation de clubs et de licenciés.

Pour exemple, en trois années d’intense activité de quelques uns de ses membres (pour la plupart professionnels de clubs) le comité de Gironde aura réussi le pari d’enclencher une dynamique forte et en favorisant l’implantation de clubs, il a vu ainsi passer ses effectifs de 870 à 1350 licenciés soit 55% d’augmentation… Que ce soit  sur la métropole bordelaise ou dans tout le département, la Savate est de toutes les actions, son Comité devient un interlocuteur privilégié des partenaires institutionnels, une politique de développement est en route. Nous pouvons même revendiquer le fait que sans cette structuration de notre Comité « girondin », la Ligue de Nouvelle Aquitaine serait bien mal en point, voire même sous tutelle fédérale!

 Or très souvent, s’ils n’ont pas une grande expérience et une grande disponibilité pour mener une politique construite et ambitieuse les dirigeants de Ligue ou Comité,  se contentent d’assurer le minimum et je les en remercie car sans eux, la Savate serait déjà morte...

 

3 - Pour autant doit-on laisser le développement s’opérer de lui-même comme cela est le cas depuis des décennies ou devons nous en être les acteurs ?

 

 

Un Siège fédéral et une Direction Technique Nationale fortement structurés, un « Pôle France », des championnats et formations bien organisés, certes nous bénéficions actuellement d’une structuration solide et d’une organisation sérieuse… Mais simplement au niveau national.

Attention, notre fédération n’est finalement qu’un « beau château de sable » dont l’organisation aux « niveaux inférieurs » ne repose finalement que sur l’investissement de quelques bénévoles passionnés, souvent vieillissants et  c’est très souvent l’isolement, le manque de moyens et la fragilité que je constate au niveau local.

Pas de présence sur le terrain, pas de stratégie affichée, peu d’aide, d’incitation ou de conseil en matière de développement, pas  de valorisation des diverses actions menées ; les acteurs locaux ne se sentent pas soutenu et  pour beaucoup d’entre eux  la fédération n’est plus qu’un « percepteur » de licences !

Nombreux sont ceux qui ont abandonné le navire ou « changé de pavillon » et ce  n’est que grâce au profond attachement des bénévoles à leur discipline que la Savate se maintient à flots, notons cependant que la stagnation du nombre de clubs au plan national nous indique un arrêt brutal dans le maillage du territoire.

Pour le moment et  si nous avons réussi à nous rendre localement visibles, nous sommes toujours en mesure de mettre en avant notre pédagogie, nos valeurs, notre éthique et notre sérieux auprès des partenaires institutionnels … Tout comme le font nos concurrents, d’ailleurs !

Mais dans les faits ; peu de Comités départementaux sont efficients, bien de nos Ligues fragiles, la majorité de nos Délégués Techniques insuffisamment disponibles car bénévoles (dernière réunion des DTD annulée)… et ainsi perdons nous chaque jour du terrain faute de ne pouvoir l’occuper.      

 

4 - Sans la professionnalisation  de nos Cadres Techniques de Ligue ou départementaux, comment assurer un développement ambitieux de la Savate ?

 

Ne nous voilons pas la face, la Savate reste une discipline fortement  développée dans notre seul pays et, de son état de santé en France dépendra son  rayonnement international, pour ne pas dire sa propre survie... Gardons à l’esprit qu’elle a bien failli  totalement disparaître !

Une solide structuration locale, réfléchie, pérenne et efficace car génératrice de son propre développement s’impose qui nous permettra d’occuper toutes les zones désertiques et de mailler totalement notre territoire…

Dans certaines régions comme celle de notre « Nouvelle Aquitaine » ; territoire immense de douze départements sous développés,  nous devons  nous appuyer sur un projet de développement ambitieux qu’il nous faut rapidement mettre en route.

Gommer les distances, gagner la confiance  des différents acteurs, les fédérer, trouver un fonctionnement qui convienne à tous, mettre en  place une  formation C.Q.P. sérieuse, valorisée et efficace qui nous permettra de gagner le terrain que l’on est en train de perdre, etc.

Cela, seule la disponibilité d’une  Equipe Régionale Technique, réactive et efficace constituée d’un Cadre Technique de Ligue et de plusieurs autres professionnels de clubs/Comités Départementaux (mutualisation des emplois à ce niveau) pourra le permettre.

Actuellement des dispositifs comme le Plan Sport Emploi du CNDS et autres aides des collectivités territoriales permettent de créer l’emploi sportif localement  et il est dommage de ne pouvoir les utiliser malgré les appels du pied des partenaires institutionnels…

Nous avons déjà envisagé la création d’un tel emploi sur notre comité de Gironde et déjà cerné le profil d’un éventuel candidat  qui serait capable de mener à bien son action dans les conditions qui seront les siennes, à savoir un salaire moyen (1500€ net)  et une tâche immense… 

Il s’avère que, seuls des enseignants compétents, passionnés car déjà fortement investis en club/comité ou ligue seront susceptibles de prétendre à de tels postes et j’en connais personnellement plusieurs sur ma région pour travailler régulièrement avec eux.

Maintenant, laisser la professionnalisation de leurs cadres techniques à la seule charge des structures décentralisées (Ligues et Comités départementaux) n’est pas réaliste, et « professionnaliser » ne sera jamais qu’un vain mot si les ressources que représentent l’aide fédérale (retour/ licences) ne sont pas revues à la hausse.

Actuellement les subventions perçues de l’état et des collectivités territoriales par les Comités et Ligues sont plutôt revues à la baisse, et il ne faut pas espérer de jours meilleurs, bien au contraire…

 

5 - La Savate est toujours la première discipline Pieds-Poings... en France et en terme de licenciés… mais pour combien de temps encore ?

 

Depuis plusieurs décennies notre fédération, n’a cessé de servir de modèle,  de fournir dirigeants, enseignants, combattants à nos concurrents… Aujourd’hui la FFKBM et DA propose un championnat Universitaire, des accords ont été signés avec l’UNSS, un contrat de partenariat national conclu avec la société ENERLIS pour intensifier l’action sur les Quartiers prioritaires de la ville, la structuration progresse et les organisations de plus en plus sérieuses, les diffusions télévisuelles hebdomadaires…le développement se faisant de lui-même !!!

Pressons-nous maintenant de nous inspirer des fédérations dont le fonctionnement et la structuration sont générateurs de développement comme par exemple ; la Gymnastique volontaire ou la Boxe pour ne citer qu’elles…

Voila des fédérations qui rendent immédiatement possible (car pérenne) la professionnalisation de leurs cadres techniques ou agents de développement par la mise en place d’un système décentralisé de collecte des licences (les comités fixant eux même le prix de la licence sur leur territoire)… Et donc de générer automatiquement leur développement !

Percevoir nos  « ressources licences » n’est pas possible compte tenu de notre actuel système de prise de licence, fixer une cotisation ligue n’est pas réaliste car bien des clubs refuseront de la payer et le système sera vite inéquitable et non viable ;

Il nous faut pourtant trouver rapidement une solution car actuellement nos Ligues et Comités de Savate n’ont, majoritairement, pas les moyens de pérenniser de tels emplois ; le peu de subventions qu’elles arrivent à obtenir leur permettant simplement de conduire les actions annuelles programmées au calendrier.

 

6 - Comment inciter nos actuels Présidents de Ligue à devenir de « futurs  employeur » si on ne leur garanti pas une certaine tranquillité ou sécurité ?

 

En effet, dans le cadre du Plan Sport Emploi du C.N.D.S.,  il  ait fait obligation aux structures employeuses de conclure un C.D.I. et il est impossible dans les conditions actuelles d’inciter les dirigeants des structures décentralisées de la fédération de s’engager dans cette voie sans un soutien fédéral…

N’oublions pas que nos présidents de Ligue ou Comités ne sont que des bénévoles débordés de travail et supportant bien souvent leur structure à bout de bras… Il est inenvisageable d’ajouter à la lourde responsabilité qui leur est confiée, le souci de devoir un jour  licencier leur salarié faute de financement…

Il faut donner au « créateur d’emploi», la garantie d’un financement du poste dès la conclusion du contrat de travail ; ainsi le Président Employeur hésitera certainement moins à franchir le pas et le Cadre Technique conduira  sereinement son action.

Le Président pourra s’appuyer sur le « professionnel » pour le libérer de certaines tâches et le fonctionnement de la structure s’en verra optimisé. L’action de professionnalisation ne tardera pas à porter ses fruits en termes de licences et la fédération de toucher les « dividendes » de son investissement…

Pour ce qui est de la  Nouvelle Aquitaine et quel que soit le système à mettre en place (centralisé ou décentralisé), je ne vois que le triplement de l’actuelle aide fédérale ou de son équivalent pour pouvoir envisager une effective professionnalisation de nos cadres techniques par nos Ligues et Comités Départementaux.

L’aide fédérale pourrait même être  bloquée au niveau du montant total de la masse salariale du Cadre Technique de Ligue, l’action de celui-ci entraînant une augmentation des adhésions permettrait d’assurer dans le temps la réduction progressive de la « ristourne » reversée par licences.

Plus ambitieux serait de réinvestir l’excédent dans la création d’autres emplois de cadres Techniques Départementaux qui généreraient à leur tour un très fort développement.

 

7 - Une meilleure répartition de la ressource licence entre  les acteurs des différents niveaux (national, régional et départemental) n'est elle pas envisageable ?

 

Cette action de professionnalisation devra faire l’objet de la signature de conventions de partenariat et d’objectifs conclues entre la Fédération, les  Ligues, comités en demande et déjà engagés dans un processus de développement ; un plan  devant  être préalablement réfléchi et construit de concert.

 

 En posant ainsi les fondations solides d’une structuration dès le niveau départemental, Il ne fait alors aucun doute que la Fédération ne tardera pas  « récolter les fruits » de ce regain d’adhésions. Par contre, si nous ne nous donnons pas les moyens  de re-dynamiser notre développement à très court terme, je ne donne pas cher de l’avenir de notre belle et chère Savate !

 

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