«
L’indispensable professionnalisation de nos Cadres Technique de Ligue et
Comités départementaux en sept questions. »
Actuellement notre discipline, bien qu’en constante progression au niveau des effectifs, est en perte d’attractivité auprès de certains publics … Le peu d’organisations de galas de Savate B.F., la faible valorisation de nos combattants combinés à la forte offre de nos « concurrents », font que bon nombre de nos athlètes évoluent majoritairement dans les galas « multi boxes »… Nous pouvons même nous risquer à nous poser des questions quant à l’interprétation du « rapport Masculin/Féminin » des engagements à nos divers championnats nationaux :
1 - Sommes-nous
très fort en matière de féminisation de la pratique, où sommes nous victime
d’un profond désintérêt de la « gent masculine » pour la Savate,
celle-ci n’étant plus sous les feux des projecteurs ou considérée
comme trop peu virile !?
L’effet direct de ce phénomène en
est la perte, souvent définitive, d’une grande partie de nos
combattants et enseignants et, bien qu’inquiétant, celui-ci n’est
certainement pas le plus grave pour l’avenir de la Savate B.F… En effet un
deuxième, bien plus pervers celui-là, est en train de « gangrener »
notre discipline au point de menacer à moyen terme son existence même en terre
natale… Je veux parler ici de la progressive mais profonde
« dénaturation » de notre technique.
Un constat s’impose, notre fédération,
pour n’avoir su prendre les bonnes directions à des moments clefs de son
histoire, restera très certainement une discipline « mineure » ;
ni Olympique, ni télévisuelle…
Qu’importe, elle sera toujours considérée
comme une des meilleures écoles de combat pieds-poings à condition
de réussir à en préserver la richesse, l’esprit, et surtout de
continuer à occuper efficacement « l’hexagone » par un maillage
et une structuration forts et solides.
A quoi cela aurait-il donc servi de
la faire reconnaître comme élément du patrimoine immatériel si nous
ne sommes pas capables, nous les « acteurs passionnés », de lui
permettre de se développer dans le respect de ses fondamentaux ?…
2 -En faire une
«discipline de musée» ou une «technique hybride» sont elles les deux seules
solutions qui s’offrent à nous ?
Très souvent, ce n’est que de par l’action
de quelques « illuminés d’un autre âge » (dont je fais partie)
que le développement de notre discipline est assuré au niveau local.
Pourtant, si celui-ci est réfléchi et
construit dans un « projet Comité » et que les actions ne se font pas
attendre, très vite les premiers résultats amènent l’adhésion du plus grand
nombre et une synergie se met en route… et alors, forte est l’augmentation de
clubs et de licenciés.
Pour exemple, en trois années d’intense
activité de quelques uns de ses membres (pour la plupart professionnels de
clubs) le comité de Gironde aura réussi le pari d’enclencher une dynamique
forte et en favorisant l’implantation de clubs, il a vu ainsi passer ses
effectifs de 870 à 1350 licenciés soit 55% d’augmentation… Que ce
soit sur la métropole bordelaise ou dans tout le département, la
Savate est de toutes les actions, son Comité devient un interlocuteur
privilégié des partenaires institutionnels, une politique de développement est
en route. Nous pouvons même revendiquer le fait que sans cette structuration de
notre Comité « girondin », la Ligue de Nouvelle Aquitaine serait bien
mal en point, voire même sous tutelle fédérale!
Or très souvent, s’ils n’ont pas une
grande expérience et une grande disponibilité pour mener une politique
construite et ambitieuse les dirigeants de Ligue ou Comité, se
contentent d’assurer le minimum et je les en remercie car sans eux, la Savate
serait déjà morte...
3 - Pour autant doit-on
laisser le développement s’opérer de lui-même comme cela est le cas depuis des
décennies ou devons nous en être les acteurs ?
Un Siège fédéral et une Direction
Technique Nationale fortement structurés, un « Pôle France », des
championnats et formations bien organisés, certes nous bénéficions actuellement
d’une structuration solide et d’une organisation sérieuse… Mais simplement au
niveau national.
Attention, notre fédération n’est
finalement qu’un « beau château de sable » dont l’organisation aux
« niveaux inférieurs » ne repose finalement que sur l’investissement
de quelques bénévoles passionnés, souvent vieillissants et c’est
très souvent l’isolement, le manque de moyens et la fragilité que je constate
au niveau local.
Pas de présence sur le terrain, pas de
stratégie affichée, peu d’aide, d’incitation ou de conseil en matière de
développement, pas de valorisation des diverses actions
menées ; les acteurs locaux ne se sentent pas soutenu et pour
beaucoup d’entre eux la fédération n’est plus qu’un « percepteur »
de licences !
Nombreux sont ceux qui ont abandonné le
navire ou « changé de pavillon » et ce n’est que grâce au
profond attachement des bénévoles à leur discipline que la Savate se maintient
à flots, notons cependant que la stagnation du nombre de clubs au plan national
nous indique un arrêt brutal dans le maillage du territoire.
Pour le moment et si nous avons
réussi à nous rendre localement visibles, nous sommes toujours en mesure de
mettre en avant notre pédagogie, nos valeurs, notre éthique et notre sérieux
auprès des partenaires institutionnels … Tout comme le font nos concurrents,
d’ailleurs !
Mais dans les faits ; peu de Comités
départementaux sont efficients, bien de nos Ligues fragiles, la majorité de nos
Délégués Techniques insuffisamment disponibles car bénévoles (dernière réunion
des DTD annulée)… et ainsi perdons nous chaque jour du terrain faute de ne
pouvoir l’occuper.
4 - Sans la
professionnalisation de nos Cadres Techniques de Ligue ou départementaux,
comment assurer un développement ambitieux de la Savate ?
Ne nous voilons pas la face, la Savate
reste une discipline fortement développée dans notre seul pays et,
de son état de santé en France dépendra son rayonnement
international, pour ne pas dire sa propre survie... Gardons à l’esprit qu’elle
a bien failli totalement disparaître !
Une solide structuration locale,
réfléchie, pérenne et efficace car génératrice de son propre développement
s’impose qui nous permettra d’occuper toutes les zones désertiques et de
mailler totalement notre territoire…
Dans certaines régions comme celle de
notre « Nouvelle Aquitaine » ; territoire immense de douze
départements sous développés, nous devons nous appuyer
sur un projet de développement ambitieux qu’il nous faut rapidement mettre en
route.
Gommer les distances, gagner la
confiance des différents acteurs, les fédérer, trouver un
fonctionnement qui convienne à tous, mettre en place
une formation C.Q.P. sérieuse, valorisée et efficace qui nous
permettra de gagner le terrain que l’on est en train de perdre, etc.
Cela, seule la disponibilité
d’une Equipe Régionale Technique, réactive et efficace constituée
d’un Cadre Technique de Ligue et de plusieurs autres professionnels de
clubs/Comités Départementaux (mutualisation des emplois à ce niveau) pourra le
permettre.
Actuellement des dispositifs comme le
Plan Sport Emploi du CNDS et autres aides des collectivités territoriales
permettent de créer l’emploi sportif localement et il est dommage de
ne pouvoir les utiliser malgré les appels du pied des partenaires institutionnels…
Nous avons déjà envisagé la création d’un
tel emploi sur notre comité de Gironde et déjà cerné le profil d’un éventuel
candidat qui serait capable de mener à bien son action dans les
conditions qui seront les siennes, à savoir un salaire moyen (1500€ net) et
une tâche immense…
Il s’avère que, seuls des enseignants
compétents, passionnés car déjà fortement investis en club/comité ou ligue
seront susceptibles de prétendre à de tels postes et j’en connais
personnellement plusieurs sur ma région pour travailler régulièrement avec eux.
Maintenant, laisser la
professionnalisation de leurs cadres techniques à la seule charge des
structures décentralisées (Ligues et Comités départementaux) n’est pas
réaliste, et « professionnaliser » ne sera jamais qu’un vain mot si
les ressources que représentent l’aide fédérale (retour/ licences) ne sont pas
revues à la hausse.
Actuellement les subventions perçues de
l’état et des collectivités territoriales par les Comités et Ligues sont plutôt
revues à la baisse, et il ne faut pas espérer de jours meilleurs, bien au
contraire…
5 - La Savate est
toujours la première discipline Pieds-Poings... en France et en terme de
licenciés… mais pour combien de temps encore ?
Depuis plusieurs décennies notre
fédération, n’a cessé de servir de modèle, de fournir dirigeants,
enseignants, combattants à nos concurrents… Aujourd’hui la FFKBM et DA propose
un championnat Universitaire, des accords ont été signés avec l’UNSS, un
contrat de partenariat national conclu avec la société ENERLIS pour intensifier
l’action sur les Quartiers prioritaires de la ville, la structuration progresse
et les organisations de plus en plus sérieuses, les diffusions télévisuelles
hebdomadaires…le développement se faisant de lui-même !!!
Pressons-nous maintenant de nous inspirer
des fédérations dont le fonctionnement et la structuration sont générateurs de
développement comme par exemple ; la Gymnastique volontaire ou la Boxe
pour ne citer qu’elles…
Voila des fédérations qui rendent
immédiatement possible (car pérenne) la professionnalisation de leurs cadres
techniques ou agents de développement par la mise en place d’un système
décentralisé de collecte des licences (les comités fixant eux même le prix de
la licence sur leur territoire)… Et donc de générer automatiquement leur
développement !
Percevoir nos « ressources
licences » n’est pas possible compte tenu de notre actuel système de prise
de licence, fixer une cotisation ligue n’est pas réaliste car bien des clubs
refuseront de la payer et le système sera vite inéquitable et non viable ;
Il nous faut pourtant trouver rapidement
une solution car actuellement nos Ligues et Comités de Savate n’ont,
majoritairement, pas les moyens de pérenniser de tels emplois ; le peu de
subventions qu’elles arrivent à obtenir leur permettant simplement de conduire
les actions annuelles programmées au calendrier.
6 - Comment inciter nos
actuels Présidents de Ligue à devenir de « futurs employeur »
si on ne leur garanti pas une certaine tranquillité ou sécurité ?
En effet, dans le cadre du Plan Sport
Emploi du C.N.D.S., il ait fait obligation aux structures
employeuses de conclure un C.D.I. et il est impossible dans les conditions
actuelles d’inciter les dirigeants des structures décentralisées de la fédération
de s’engager dans cette voie sans un soutien fédéral…
N’oublions pas que nos présidents de Ligue
ou Comités ne sont que des bénévoles débordés de travail et supportant bien
souvent leur structure à bout de bras… Il est inenvisageable d’ajouter à la
lourde responsabilité qui leur est confiée, le souci de devoir un
jour licencier leur salarié faute de financement…
Il faut donner au
« créateur d’emploi», la garantie d’un financement du poste dès la
conclusion du contrat de travail ; ainsi le Président Employeur hésitera
certainement moins à franchir le pas et le Cadre Technique
conduira sereinement son action.
Le Président pourra s’appuyer sur le
« professionnel » pour le libérer de certaines tâches et le
fonctionnement de la structure s’en verra optimisé. L’action de professionnalisation
ne tardera pas à porter ses fruits en termes de licences et la fédération de
toucher les « dividendes » de son investissement…
Pour ce qui est de la Nouvelle
Aquitaine et quel que soit le système à mettre en place (centralisé ou
décentralisé), je ne vois que le triplement de l’actuelle aide fédérale ou de
son équivalent pour pouvoir envisager une effective professionnalisation de nos
cadres techniques par nos Ligues et Comités Départementaux.
L’aide fédérale pourrait même
être bloquée au niveau du montant total de la masse salariale du
Cadre Technique de Ligue, l’action de celui-ci entraînant une augmentation des
adhésions permettrait d’assurer dans le temps la réduction progressive de la
« ristourne » reversée par licences.
Plus ambitieux serait de réinvestir
l’excédent dans la création d’autres emplois de cadres Techniques
Départementaux qui généreraient à leur tour un très fort développement.
7 - Une meilleure répartition de la ressource licence entre les acteurs des différents niveaux (national, régional et départemental) n'est elle pas envisageable ?
Cette action de professionnalisation devra
faire l’objet de la signature de conventions de partenariat et d’objectifs
conclues entre la Fédération, les Ligues, comités en demande et
déjà engagés dans un processus de développement ; un
plan devant être préalablement réfléchi et construit de
concert.
En posant ainsi les fondations
solides d’une structuration dès le niveau départemental, Il ne fait alors aucun
doute que la Fédération ne tardera pas « récolter les
fruits » de ce regain d’adhésions. Par contre, si nous ne nous donnons pas
les moyens de re-dynamiser notre développement à très court terme, je
ne donne pas cher de l’avenir de notre belle et chère Savate !
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